Voici pour aujourd'hui, un article trouvé sur LE TEMPS et écrit par Albertine Bourget, le Mercredi 27 décembre 2006:
"Elle a 32 ans. Elle est ambassadrice de l'Unicef. Elle
compte des fans dans le monde entier et gagne des millions de dollars chaque
année. Elle ne s'appelle pas Angelina Jolie. Mais Hello Kitty. Emblème de la
marque japonaise Sanrio, cette petite chatte blanche a la même bouille
impassible depuis sa naissance en 1974. Aujourd'hui, Hello Kitty, 32 ans et
toujours pas de dents (son visage est privé de bouche), trône au sommet de
l'empire kawaii.
Kawaii signifie mignon, en japonais. Le terme s'applique à
ces petits personnages qui vivent dans un univers rose bonbon plein de bons
sentiments. Le groupe Sanrio, créé en 1960, en est le porte-drapeau. Son
slogan: «Petit cadeau, grand sourire». Et sa star, Hello Kitty, est la plus
kawaii de toutes.
«Je déteste les chats, mais quand j'ai vu sa tête, j'ai
craqué: elle est si jolie! J'avais 6 ans et mes parents m'avaient offert un sac
et un porte-monnaie dont je ne me séparais jamais», raconte Silvia, Lausannoise
trentenaire.
Depuis New York, Anouck, 28 ans, se souvient du jour où on lui a
ramené des tampons et des gommes du Japon.
«J'ai gardé ces objets pendant des
années sans les utiliser, je dois les avoir encore dans un de mes placards...»
Journaliste au New York Times et coauteur de Hello Kitty:
The Remarkable Story of Sanrio and the Billion Dollar Feline Phenomenon, Ken
Belson souligne qu'aucun autre personnage n'a autant de fans uniquement
féminines dans le monde: «500 millions de dollars annuels de chiffre
d'affaires. Et tout ça rien que pour les filles.»
Pourquoi craquent-elles? «Hello Kitty est un personnage
universel, au design simple. Surtout, son visage est sans expression. On peut
donc lui adjoindre l'émotion que l'on veut. Contrairement à Snoopy ou Mickey,
qui ont des personnalités très définies, Kitty est «vide». Les enfants peuvent
en faire la figure qu'ils souhaitent. Voilà qui explique pourquoi Hello Kitty a
si aisément traversé les frontières.»
Des enfants, certes, mais pas seulement. Car Hello Kitty a
su se réinventer avec le temps. Immensément populaire en Asie dès son
apparition, la créature est lancée aux Etats-Unis et en Europe à la fin des
années 1970. Les ventes mettront plus de temps à décoller et, dans les années
1990, Sanrio décide de lancer des nouveaux produits pour appâter un marché
d'adultes. Si les barrettes, les autocollants et les petits porte-monnaie, mais
aussi les peluches continuent de s'arracher, on ne compte plus aujourd'hui les
toasters, les bijoux très chers et les montres estampillés Hello Kitty parmi
les 22000 produits commercialisés. Clés USB. IPod. Téléphones portables. Et
même des voitures. Sans compter d'innombrables partenariats avec d'autres
marques, comme tout récemment le groupe de jeux vidéo et de jouets Sega.
«Sanrio a été très malin en ciblant non seulement les petites filles, mais
aussi les jeunes filles et les femmes adultes», souligne Ken Belson.
Ouvert en 2005, le site suisse funshop.ch propose quelque
300 produits Hello Kitty. «Elle a une très grande communauté de fans, entre 15
et 45 ans, qui achètent des petites choses comme des élastiques mais réclament
aussi le toaster, qui n'est pas distribué en Suisse», explique Cesare
Alessandrelli, un des propriétaires de funshop.ch. Un tour sur le Web le
confirme: la petite chatte compte des communautés entières de fans adultes, qui
clament leur amour sur des blogs, des sites et des forums de discussion,
échangent des produits et se rencontrent.
La Française Mary, 30 ans, gère un site,
lepetitnuagerose.free.fr, dédié à Hello Kitty. Elle l'adorait petite et défend
avec vigueur cette passion jamais démentie. «Je ne suis pas niaise comme les
gens pourraient le croire: j'ai des responsabilités, un travail, une vie de
femme et ma passion.» Envahissante, la passion: sacs, cartes de vœux,
décorations de Noël, miroir, portefeuille... «J'ai une préférence pour les
accessoires féminins et la maroquinerie Hello Kitty, comme d'autres les aiment
signés Vuitton ou Chanel...»
Cela sans compter le marché de produits vintage, encore
discret mais en plein développement sur le site eBay. «On estime que le vintage
commence à partir de 1976. En ce moment, les objets recherchés sont les
plumiers avec pleins de poches. J'en avais acheté un que j'ai revendu cette
année à une Américaine de Malibu pour 600 euros.»
Même Hollywood a plongé dans la Hellokittyphilie. En 2004,
avec «Love Angel Music Baby», Gwen Stefani rendait hommage au kawaii et aux
Harajuku girls (les japonaises habillées extravagantes), du nom d'un quartier branché de Tokyo. Depuis, de Sarah Jessica
Parker à Britney Spears arborant un collier de diamants Hello Kitty dans le
clip Do Somethin', les stars féminines de la pop affichent leur amour pour la
petite minette. Des collections de bijoux et d'accessoires Hello Kitty de luxe
apparaissent. Cette récupération déçoit fortement certaines fans. «Quand j'ai
vu Paris Hilton porter un collier Hello Kitty, j'ai failli pleurer, raconte
Anouck. Hello Kitty devrait rester un personnage populaire, accessible à tous,
et j'aime l'idée que ces objets soient très peu chers et que l'on puisse s'en
procurer en grande quantité.»
Sanrio ne fait pas de publicité pour Hello Kitty, retirant
même régulièrement du marché des produits pour éviter l'overdose. Reste que sa
popularité pourrait lui nuire. «La contrefaçon est très forte. Et les
consommateurs vont finir par se lasser», indique Ken Belson. Mais elle compte
encore ses militantes: «Pour Noël, j'ai acheté des produits Hello Kitty à ma
nièce de 2 ans. C'est au berceau que ça se travaille», rit Silvia.
Biographie d'une star sans bouche
- Hello Kitty a été créée en 1974 par la styliste Ikuko
Shimizu.
- Selon son fabricant Sanrio, elle habite Londres avec ses
parents et sa sœur jumelle, la timide Mimi. Elle a beaucoup d'amis et symbolise
la générosité, l'innocence, la bonté et l'amitié.
- La réponse officielle de Sanrio à son absence de bouche
est qu'elle parle avec son cœur.
- Au Japon, elle est la star du parc à thème Sanrio
Puroland. Le groupe a totalisé 98,8 milliards de yens de revenus en 2005-2006."
Voilà! ça vous a plus? Plus bas, vous avez la suite de ma collection. Maintenant, vous pouvez nommé ma passion: la "hellokittyphilie"! lol